Chirurgie dermatologique questions et réponses

Chirurgie dermatologique questions et réponses

La responsabilité du dermatologue se poursuit après la fin d’une chirurgie dermatologique et doit être partagée avec le patient. C’est pourquoi les directives sur les soins postopératoires nécessaires pour les plaies sont essentielles et doivent être transmises clairement, au niveau de compréhension du patient, et renforcées par écrit. Une bonne communication avec les patients aide le chirurgien à éviter les complications. Le souci des auteurs de standardiser les directives postopératoires en chirurgie dermatologique est à l’origine de la rédaction de cet article. Une revue de la littérature, avec les principales interrogations des auteurs, a été organisée sous forme de questions et de réponses, afin d’aider les dermatologues lors de leurs interventions chirurgicales.

La chirurgie dermatologique est une procédure standard dans la routine quotidienne du dermatologue. Elle est considérée comme sûre et à faible risque de complications ; cependant, même les chirurgiens dermatologues expérimentés sont sujets à des complications au cours de leur pratique professionnelle. C’est pourquoi la prévention est toujours préférable au traitement. Une bonne planification, une technique méticuleuse et une bonne communication avec le patient sont nécessaires.

Directives postopératoires en chirurgie dermatologique : une revue de la littérature en questions et réponses

Le scénario idéal consiste à fournir aux patients des directives postopératoires écrites et à utiliser le téléphone pour les communications d’urgence. Les appels postopératoires pour évaluer l’état du patient sont un moyen facile de détecter les complications à un stade précoce, ce qui augmente la satisfaction du patient. Face à ces défis, nous avons créé une série de questions dont les réponses peuvent aider à standardiser la conversation avec le patient dans la période postopératoire. La plupart des lignes directrices trouvées dans la littérature sont basées sur des études d’autres spécialités médicales, telles que la chirurgie thoracique et cardiaque, ainsi que sur des études d’infirmières. Il est donc nécessaire de compiler les informations en fonction du contexte de la chirurgie dermatologique.

MÉTHODES

Cet article est une revue narrative de la littérature, qui vise à standardiser les lignes directrices nécessaires pour le patient après sa chirurgie dermatologique. Les recommandations sont organisées sous forme de questions et de réponses. Les auteurs ont posé 10 questions pertinentes sur les principales directives que les patients devraient recevoir après la chirurgie dermatologique, et les réponses ont été élaborées à partir d’une analyse de la littérature, de livres, d’articles imprimés et/ou électroniques.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

1. Comment réaliser le premier pansement après une chirurgie dermatologique ?
Après l’intervention chirurgicale et dès que la plaie est correctement recouverte, le patient ou son soignant est responsable des soins de la plaie à domicile. Il doit donc recevoir des informations détaillées, de préférence par écrit, sur les soins à apporter à sa plaie chirurgicale.
Le professionnel de santé (médecin ou infirmière) réalise un premier pansement compressif simple qui doit rester intact pendant 24 à 48 heures, avec une fine couche de pommade (vaseline, pétrolatum) et une gaze non adhérente, coupée pour couvrir les dimensions de la ligne de suture. La pommade occlusive doit être réappliquée et, en fonction de la localisation de la plaie et du niveau d’activité du patient, il est conseillé de placer un pansement léger ou un bandage, si nécessaire.
2. Quand faut-il changer le pansement après une intervention de chirurgie dermatologique ?
À la fin de l’intervention chirurgicale, un pansement est placé sur la plaie pour empêcher les bactéries de pénétrer dans le site de suture, en plus de soutenir physiquement la plaie et d’absorber les exsudats. Cette couverture est, en général, retirée le lendemain, et une nouvelle couverture est réalisée. Parce qu’il vise à absorber les exsudats, entre autres, le pansement doit être maintenu tant qu’il y a un saignement et/ou un écoulement de sécrétions.
La durée exacte pendant laquelle le pansement chirurgical doit rester sur la plaie est encore controversée, tant dans la littérature que dans la pratique clinique. Le pansement sert de barrière aux micro-organismes exogènes, tant que sa surface extérieure reste sèche. Lorsqu’il est mouillé, il perd sa capacité protectrice.
Au cours des 24 premières heures, des neutrophiles apparaissent sur les bords de la plaie chirurgicale, ciblant le caillot de fibrine formé. Les bords deviennent épais et, dans les 24 à 48 heures, les cellules épithéliales des bords migrent et se développent avec le derme et sous la croûte superficielle, pour fusionner sur la ligne médiane. Ainsi, nous avons la preuve physiologique que la plaie est étanche à l’environnement extérieur. La nécessité de conserver le pansement au-delà de 12 à 24 heures a longtemps été remise en question. On sait aujourd’hui qu’il n’y a pas de risque accru d’infection du site chirurgical pendant cette période, même si la plaie chirurgicale est exposée.
Le retrait précoce du pansement permet un examen facile de la plaie et une détection précoce des complications, en plus de réduire les dépenses liées au changement de pansement et de permettre aux patients d’effectuer leurs pratiques d’hygiène quotidiennes. Ces directives sont valables pour les plaies chirurgicales considérées comme propres et fermées par intention primaire.
Le désir du patient doit également être pris en compte, car beaucoup d’entre eux se sentent plus en sécurité lorsque leurs plaies chirurgicales restent occluses. Il est donc recommandé de placer de la gaze sur la ligne de suture et du ruban adhésif sur les bords, en laissant le centre sans occlusion. Pour de nombreux patients, ce comportement améliore leur estime de soi.

Si le patient souhaite conserver le pansement, il doit le changer tous les jours. Si la plaie chirurgicale reste sans exsudation, il n’est pas nécessaire de conserver le pansement, mais seulement de le nettoyer à l’eau courante avec une mousse de savon doux pendant le bain.
Face à un site chirurgical présentant un écoulement séreux et/ou sérosanguin, le patient doit se laver avec du sérum physiologique, autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que l’écoulement soit interrompu, et conserver le pansement occlusif. Il est recommandé d’utiliser une gaze stérile et un minimum de ruban adhésif pour éviter que le liquide ne tache la literie et les vêtements du patient. Pour une meilleure cicatrisation, il faut maintenir une humidité minimale, avec de la vaseline ou de la gelée de pétrole. Ce conseil est également valable pour les patients qui souhaitent maintenir leurs plaies chirurgicales sans occlusion avec des pansements.
Si le patient conserve le pansement, il doit le refaire deux à trois fois par jour, en fonction de la quantité de transsudat de la plaie, jusqu’au retrait de la suture. Il peut être utile de baigner le site du pansement pour le retirer en cas d’adhérence ou d’œdème important dans la zone. Le nouveau pansement doit être non adhérent, absorbant, protecteur et sûr.